Je cogne donc je suis
Un vendredi, au crépuscule. J’assiste impuissante à une scène qui a marqué plusieurs de mes nuits : un homme corpulent qui tabasse hargneusement une femme, sa femme. Pourquoi, pour une crise de jalousie elle-même infondée. Je n’oublierai pas la rage que j’ai lue dans ses yeux, la haine qui se prétend être de l’amour passionnel, le mépris qu’il exprimait envers celle qui était supposée être la chair de sa chair, sans compter les insultes… Je l’ai vu la traîner au sol au mépris de toute considération de sa nature humaine. Ah l’amour… L’amour ?
Cette scène que je n’ai pu digérer est, paraît-il, le lot quotidien de bon nombre de ménages. Pour certains, elle est même passée au stade de banalité. Pas pour moi en tout cas. De la vieille école ou pas, je condamne les actes injustes perpétrés sur le sexe faible. Sans être féministe pour autant, je valorise l’importance des femmes vertueuses dans les foyers, et une femme privée de sa dignité est un danger pour le développement d’une communauté.
Les soupçons d’infidélité figurent en dernier de la liste des actes qui provoqueraient la violence conjugale selon les statistiques de l’OMS. La pauvreté ferait aussi partie de ces facteurs de risques. Seulement, le phénomène, devenu la cause première de mortalité chez les femmes semble généralisé et n’épargne aucune couche sociale. Oui, la violence domestique a devancé la guerre, le cancer et les accidents de la route. Elle a même accédé au rang de problème de santé publique. Et là encore, le problème coûte cher parce que les soins qui en découlent ne se limitent souvent pas à un petit pansement, sans parler du traumatisme psychique subi également par les enfants qui assistent à la scène.
Mais que peut bien contenir le lobe frontal des individus – femmes ou hommes, soit dit – qui agissent de manière aussi barbare ? Le processus insidieux s’installe et règne sournoisement dans une société dans laquelle « la vie du foyer n’est pas à exposer » (en malagasy: ny tokantrano tsy ahahaka). Bref, le secret s’entretient jusqu’à ce que le médecin découvre fortuitement des bleus. Mais à qui ces femmes crieront-elles leur désarroi lorsque la société elle-même réprime toute forme de plainte par souci des apparences ?
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